Un nouveau-né est décédé des suites d'une méningite après avoir été embrassé par une personne souffrant d'herpès buccal. L'occasion de rappeler que ce virus se transmet très facilement.
La petite Mariana Reese Sifrit, une fillette née le 1er juillet dernier, est décédée d'une méningite à l'hôpital d'Iowa City (États-Unis), après avoir été embrassée par une personne souffrant d'herpès buccal. Les parents, qui avaient remarqué que leur bébé ne mangeait plus et se réveillait difficilement, ont partagé la triste nouvelle sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, ils appellent à la prudence à travers un message Facebook : "nous avons laissé les gens la toucher, l'embrasser, comme tout parent le fait en général", et ont rappelé aux familles de "ne pas laisser n'importe qui embrasser son bébé et de s'assurer que la personne demande la permission avant de le prendre dans ses bras".
Pour la majorité des bébés, la contamination par le virus de l'herpès provoque seulement quelques symptômes bénins (cloques sur la peau, fièvre, irritabilité, etc.). Les complications neurologiques sont rares. Elles peuvent néanmoins survenir chez les nourrissons dont les mamans n'ont jamais été exposées à l'herpès et qui, de ce fait, n'ont pas immunisé leur bébé. On rappelle d'ailleurs que 15 % de la population n'a jamais contracté ce virus.
En prévention de ce risque, il est préconisé d'informer l'entourage du bébé ou les visiteurs sur l'importance de bien respecter les règles d'hygiène de base, à savoir : se laver les mains avant de toucher l'enfant et limiter le nombre de personnes qui l'embrassent. Enfin, en cas de bouton de fièvre, il est conseillé d'éviter tout contact avec le nourrisson.
L’herpès néonatal peut s’avérer dramatique, à tel point qu’il a été rebaptisé “baiser de la mort”... Zoom sur cette infection avec le Professeur Pierre Tourneux, chef du service de réanimation pédiatrique et de soins continus au CHU D’Amiens.
"Le baiser de la mort" a été beaucoup médiatisé ces derniers temps : plusieurs histoires de nourrissons décédés à la suite d'un baiser ont été relayées par la presse internationale.
Il y a encore quelques semaines, une maman américaine partageait sa terrible histoire sur Facebook. Après avoir été contaminée par le virus de l’herpès, sa petite fille Aliza, âgée de huit jours, a succombé à l’infection.
Les témoignages du genre peuvent effrayer les futurs parents. Mais avant de s'inquiéter, voici ce que vous devez savoir sur le virus.
Le virus HSV
L’infection par le virus de l'herpès (HSV) peut se développer chez le nouveau-né, on l’appelle “herpès néonatal”. Contrairement à l’adulte, le virus peut causer de très sévères problèmes de santé pour le nourrisson. Il peut même être mortel.
Si les gros titres mettent en avant la transmission buccale avec l’appellation “baiser de la mort”, le bisou n'est pas le mode de transmission le plus fréquent du tout : le plus souvent le virus se transmet pendant l'accouchement par les sécrétions du vagin ou par des lésions à l’intérieur de celui-ci. On distingue ainsi l'herpès génital de l'herpès labial dans le mode de contamination.
Une maladie rare ?
"Au niveau incidence de la maladie, elle est rare, la transmission est faible", rassure le Professeur Pierre Tourneux, chef du service de réanimation pédiatrique et de soins continus au CHU d’Amiens. "On estime à environ 25 cas par an en France", ajoute-t-il.
Du côté de la transmission postnatale à partir d'un bouton de fièvre labial, la contamination toucherait 1 à 2 enfants par an. "C'est rarement par un bisou direct, la contamination est souvent manuportée", explique le Professeur.
Comme énoncé précédemment, le mode de transmission principal reste par le vagin durant l’accouchement - si la maman a de l’herpès génital à ce moment là -. "Au niveau du mode de contamination, il est principalement cervico-vaginal avec l'herpès génital (de type 2). Une maman atteinte par le virus peut ainsi contaminer le bébé si elle accouche par voie basse. Quelques heures après la naissance, le bébé n'est est pas bien", informe Pierre Tourneux.
Les formes de la maladie herpétique
On distingue en général trois grosses formes de la maladie herpétique chez l’enfant :
- Une forme juste localisée qui se présente comme une atteinte cutanée (yeux, bouche, muqueuse). Elle apparaît pendant la première ou deuxième semaine de vie.
- Parmi les autres infections possibles, le virus herpès peut entraîner chez le nourrisson une méningite ou une encéphalite. Ces inflammations graves peuvent se manifester lors de la deuxième ou troisième semaine de vie.
- Enfin, l'infection peut être disséminée : tous les organes sont alors touchés.
Traitements
Le principal traitement reste les traitements préventifs.
Si le bouton de fièvre sort, "on donne un antiviral à la mère pour ne pas qu'elle transmette le virus au bébé", indique le pédiatre.
Pour l’herpès génital, quand la rupture de la poche des eaux est prolongée ou que la maman possède des lésions au niveau vaginal, l’hospitalisation est nécessaire. “A ce moment là, on traite la maman de manière préventive. Chez le nouveau-né, dès qu'on a le moindre doute on fait un bilan sanguin, une ponction lombaire... On cherche le virus et on traite tout de suite par voie intraveineuse", explique le spécialiste.
"Si vous avez déjà eu de l'herpès et que cela vous brûle au niveau génital en accouchant, c'est un signe. Il s'agit vraiment d'un examen clinique. Souvent, quand on fait des diagnostics compliqués ou tardifs c'est qu'on a pas pu mettre en place la prévention qu'on aurait du faire".
Agir à temps
"Quand on agit à temps, quand on arrive à faire le traitement chez la maman, le bébé n'aura rien le plus souvent. Si on sait qu'il y a de l'herpès, il y a de plein de mesures associées pour éviter la contamination : la maman est traitée, le bébé est surveillé... On gagne quelques heures dans la prise en charge. Quand on le sait depuis le départ, on est attentif, on informe beaucoup la famille, la maman va faire attention, etc", détaille médecin.
Vigilance
Malheureusement, parfois la maman elle-même ne sait pas pour son herpès génital et pense que la brûlure pendant l'accouchement est liée à l'accouchement en lui-même. Faire attention aux moindre symptômes - sans tomber dans la paranoïa - est nécessaire, tout comme le dialogue avec l’équipe médicale lors de l’accouchement.
Outre la transmission par la mère ou encore le père, il est aussi important de ne pas trop mettre en contact le bébé dans ses premiers jours de vie avec des visiteurs extérieurs. Cela permet également de limiter les risques au niveau de la transmission de virus.