Dernier visiteur, dernière lueur, il sera bientôt inutile de guetter le scintillement de minuit, et encore moins celui des couche-tard, à 1 heure du matin, qui fait briller la tour Eiffel de mille feux supplémentaires, durant 5 minutes de magie. La maire de Paris doit en effet annoncer une réduction de l’éclairage nocturne de la
tour Eiffel d’un peu plus d’une heure, dans le cadre de son plan de sobriété énergétique qu’elle présentera mardi, ainsi que l’a précisé samedi l’entourage d’Anne Hidalgo, confirmant une information du
JDD. Actuellement illuminée dès la nuit tombée, parcourue jusqu’à une heure du matin d’un éclairage jaune orangé qui donne l’aspect de l’or à sa structure, grâce aux 336 projecteurs dont les faisceaux balaient de bas en haut l’intérieur du monument, la tour Eiffel se passera du superflu : puisque son éclairage, féerique mais
également indispensable aux visiteurs du soir, n’a plus grand-chose à éclairer après le départ de ces derniers, il s’éteindra sitôt les portes fermées, à 23h45. Et les 40 km de guirlandes lumineuses semées de 20 000 lampes à éclat qui se déclenchent à chaque heure une fois la nuit tombée, scintilleront une dernière fois à 23 heures. La mesure « proposée » par Anne Hidalgo,- dont la Société d’exploitation de la tour Eiffel estimait samedi qu’elle n’était toutefois « pas
encore arbitrée »-, pourrait rapidement entrer en vigueur. « Ce n’est encore fixé mais ce sera au cours de l’automne, confirme Jean-François Martins, le président de la Sete, que l’urgence de « sobriété énergétique » a convaincu. Conscient de la renommée mondiale et de l’attractivité de cet éclairage pourtant peu gourmand en énergie, — il ne représente que 4 % de la consommation annuelle de la tour et 0,4%
pour le scintillement —, Jean-François Martins évoque « l’exemplarité » que peut porter un lieu aussi universellement admiré, qui a retrouvé début 2022 un niveau de fréquentation d’avant Covid, avec plus de 20 000 visiteurs par jour. « Utiliser l’éclairage lorsque l’on en a réellement besoin me semble une bonne approche, confie-t-il. L’objectif est tout de même un peu économique, mais il est surtout de donner l’exemple, de participer à la prise de conscience et à la mobilisation ». Au pied de la tour ce dimanche, visiteurs et passants n’y voient pas trop débat, en tout cas rien « de très essentiel », à l’image de cette Parisienne, pour qui le scintillement nocturne « est certes ravissant mais peut bien s’arrêter en milieu de soirée » Une autre assure : « le scintillement, ça ne donne rien en photo, et puis il y a tout de même pas mal de soirs où elle est complètement éteinte ! » La dernière fois remonte à jeudi soir dernier : en hommage à la reine Elizabeth II, décédée le jour même, le scintillement n’a pas eu lieu et la tour s’est éteinte à minuit au lieu de 1 heure. VIDÉO. À Paris, la folie des touristes au milieu de la route pour une photo avec la tour Eiffel Certains s’arrêtent pourtant sur « un détail » moins anodin qu’il n’y paraît : « Le scintillement de minuit, tout de même c’est dommage, c’est ultra-romantique, le plus symbolique », estime un visiteur. « Moi j’aime bien quand c’est éclairé, mais si cette mesure peut contribuer à faire des économies, pourquoi pas ? Deux fois 5 minutes en moins, ce n’est pas grand-chose », complète Odile, une Parisienne venue participer à la course pédestre La Parisienne. Son idée pour « sauver la magie de minuit » : « commencer le scintillement plus tard et l’arrêter après minuit ! ». Mais que se passe-t-il à Paris ? La Tour Eiffel a-t-elle perdu la tête ? Ou a-t-elle décidé d’afficher son avance sur son temps, voire sur le reste du monde, par une provocation horlogère ? Oui, vous avez bien lu. La Tour Eiffel avance ! Elle n’est plus à l’heure. Depuis une dizaine de jours, elle avance même de plus de trois minutes. Peut-être que la Tour est folle. Comme ses admirateurs parisiens et les touristes les plus attentifs le savent, la Tour Eiffel est habituellement mise en beauté par deux éclairages, en plus des scénographies spécifiques à certaines occasions (rose pour la journée de la femme, verte pour l’environnement, bleu-blanc-rouge pour les comémo…). Chaque jour à la tombée de la nuit, un éclairage jaune s’allume d’abord automatiquement, pour souligner la silhouette de la Tour Eiffel qui se détache du ciel assombri (photo ci-dessus), surmontée à son sommet par une noria de projecteurs balayant l’horizon comme un phare éclairant les marins égarés jusqu’au port. La Tour Eiffel éclairage fixe ou scintillantPuis, à chaque heure pile, la Tour Eiffel s’illumine : un scintillement plus blanc, pétillant comme celui d’une grande flûte de champagne, s’ajoute à l’éclairage jaune, ou s’y substitue, dans le cas de la dernière illumination du jour. En effet, l’éclairage jaune s’éteint chaque nuit à 1h du matin, tandis qu’un dernier scintillement prend son relais jusqu’à 1h05. Sans le fond jaune, la silhouette de la Tour Eiffel, uniquement drapée de ses paillettes aux scintillements d’argent, est encore plus mystérieuse. Ce spectacle ne dure malheureusement plus que cinq minutes. De mémoire, l’illumination scintillante avait été inauguré pour le nouveau millénaire, lors du passage à l’an 2000, et ce scintillement durait dix minutes à chaque heure. Mais après la grande crise bancaire de 2008 qui a ruiné les finances publiques, les autorités de la Tour lui ont coupé le budget scintillement, réduit de moitié, à cinq minutes. Après 1h05, quand tout s’éteint, la Tour Eiffel se tapit dans la nuit, sans pour autant fermer l’œil, car deux yeux rouges continuent d’épier l’obscurité parisienne, pour rappeler sa présence aux aéronefs noctambules. Premiers scintillements à 17h au plus tôt l’hiver et 23h au plus tard l’étéCet éclairage automatique joue avec les saisons et les changements d’heure. En automne et au début de l’hiver, la première illumination de la Tour Eiffel se décale au fil des mois, pour arriver de plus en plus tôt, dans le sillage du coucher du soleil. Aux époques les plus sombres de l’année, l’illumination démarre à 17h. Puis les jours rallongent, et le soleil se couche de plus en plus tard. La première illumination passe d’un coup de 20h à 21h avec le passage à l’heure d’été (comme le 25 mars dernier), puis à 22h fin mai. En juin et juillet, la première illumination de la Tour Eiffel n’intervient pas avant 23 heures. Sauf les soirs d’orage. Quand de gros nuages sombres obscurcissent l’horizon, les capteurs photovoltaïques se croient à la tombée de la nuit et déclenchent l’allumage de la Tour Eiffel avant le coucher du soleil. Puis les jours raccourcissent et la Tour Eiffel s’illumine à nouveau de plus en plus tôt, toujours à la tombée de la nuit telle que la perçoivent ses capteurs de lumière. Passant brutalement de 20h à 19h lors du passage à l’heure d’hiver, fin octobre, quand Paris bascule d’un coup du fuseau horaire de GMT+2 à celui de GMT+1. Quelques jours plus tard, le premier scintillement débute à 18h (GMT+1). Rien d’extraordinaire à cela, sinon que l’illumination de la Tour Eiffel demeure un spectacle permanent pour les flâneurs de Paris. Car ces illuminations n’ont jamais strictement le même effet dans le ciel parisien. Un peu comme la mer, le désert, ou les flammes d’un feu, l’illumination de la Tour Eiffel est toujours unique selon le ciel qui l’habille. La Tour Eiffel n’est pas d’une ponctualité parfaiteIl faut préciser aussi que l’illumination de la Tour Eiffel n’est pas d’une ponctualité parfaite. En étant attentif, on observe souvent des décalages de quelques secondes dans un sens ou l’autre. Avant d’accuser votre montre de se dérégler, vérifiez sur l’horloge parlantes que ce n’est pas la Tour Eiffel qui prend des libertés secondaires avec son scintillement. Seulement voilà : depuis le 25 juin environ, l’illumination de la Tour Eiffel est sérieusement en avance. Le scintillement attendu à l’heure pile ne se déclenche plus quand la grande aiguille des secondes et celle des minutes s’alignent sur le 12, mais environ 3 minutes et 23 secondes plus tôt. Et comme cette illumination scintillante ne dure pas plus de cinq minutes (et même généralement plutôt environ 4 minutes et demi), elle s’éteint par contrecoup dès que l’heure pile est passée d’environ 2 minutes. Après les naufrages du Vélib (y en a plus depuis qu’une start-up vantarde a remporté l’appel d’offre à grand coup de promesses bidon), et de l’Autolib, il serait facile d’attribuer cette nouvelle avarie à Calamity Dalgo, comme des confrères facétieux surnommaient récemment la mairesse de Paris sur une radio publique. Mais la Tour Eiffel, elle, n’en a rien à faire. La plus grande dame de la capitale reste bien au-dessus de ces considérations temporelles. Flash mise à jour du 5/7/2018: Ouf ! Alors que nous ne pouvions garder cette information confidentielle après avoir observé le retard à l’allumage de la la Tour Eiffel plusieurs jours de suite, et l’avoir précisément mesuré le soir du 3 juillet pour cet article publié le lendemain, le contrôle de la Tour a dû recevoir d’autres réclamations, car elle était remise à l’heure dès hier soir, 4 juillet 2018. Flash mise à jour du 10/7/2018: La remise à l’heure du 4 juillet devait être un effet « independance Day », car dès le lendemain et jusqu’à aujourd’hui, la Tour Eiffel est bien à nouveau en avance de plus de 3 minutes sur son temps. Flash ultérieur: Ce dérèglement a été rectifié avant la fin de l’été 2018, même si des incidents persistent. Calendrier des heures d’allumage du premier scintillement de la tour Eiffel selon les saisons
Rapports d’incidents ajoutés au fil des observations:
Quand Sillumine la Tour Eiffel ?Chaque soir après la tombée de la nuit, la tour Eiffel revêt sa robe dorée et s'illumine cinq minutes toutes les heures, et ce jusqu'à 1h du matin (où le dernier scintillement dure 10 minutes).
EstLe scintillement, quant à lui, vient se superposer à l'éclairage doré, à chaque début d'heure, pendant 5 minutes. Le dernier scintillement a lieu à 23h, et la tour Eiffel s'éteint complètement à 23h45 dès qu'elle est évacuée (éclairage et phare).
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