Quand arrêter de boire avant coloscopie

La coloscopie que l’on vous a prescrite, vous la redoutez un peu, voire beaucoup. Le Dr Guillaume Oillic, hépato-gastro-entérologue au centre hospitalier de Cherbourg, répond à vos interrogations.

Caroline Dreyfus-Rose

Quand arrêter de boire avant coloscopie
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Pour quelles raisons dois-je subir cette « intervention » ?

C’est le moyen le plus efficace pour explorer la muqueuse du côlon, que l’on appelle aussi le gros intestin. La coloscopie est prescrite soit dans un but diagnostique en cas de troubles intestinaux soudains et non expliqués (douleurs, diarrhées, modification du transit, saignements dans les selles), soit dans un contexte de dépistage chez des patients n’ayant aucun symptôme mais des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou de cancer colorectal. Elle peut mettre en évidence une maladie inflammatoire de l’intestin, des diverticules (petites hernies de la muqueuse du côlon), des polypes (tumeurs bénignes pouvant dégénérer) ou, plus rarement, un cancer.

Comment se déroule-t-elle exactement ?

Tout se passe à l’hôpital, le plus souvent en chirurgie ambulatoire. L’examen a lieu au bloc opératoire ou dans une salle destinée à l’endoscopie. Une fois le patient sous anesthésie générale, le gastroentérologue introduit par l’anus un tuyau souple muni d’un canal, pour permettre le passage d’instruments, et d’une source lumineuse avec une minicaméra dont les images sont retransmises sur un écran. De l’air est insufflé afin de déplisser la paroi du côlon et de pouvoir en explorer minutieusement chaque centimètre carré. Si le médecin détecte une lésion suspecte, il réalise un prélèvement ou une biopsie pour une analyse en laboratoire. Au bout de trente minutes environ, c’est terminé ! L’air est aspiré ou évacué naturellement au réveil.

L’anesthésie est-elle obligatoire ?

A cause de son caractère désagréable (mais non douloureux), la coloscopie se pratique dans 95 % des cas sous anesthésie générale légère. Néanmoins, à la demande du patient ou en raison de contre-indications médicales, elle peut aussi – mais beaucoup plus rarement – se réaliser avec un sédatif ou sous hypnose.

Vais-je me réveiller rapidement ?

Il faut une heure environ pour reprendre conscience. L’anesthésie requiert une surveillance de quelques heures. Après quoi, on peut rentrer chez soi, mais accompagné. La conduite est interdite jusqu’au lendemain matin.

À quoi sert le produit à boire avant ?

Les solutions prescrites renferment des laxatifs à prendre la veille au soir et le matin de la coloscopie. Cela provoque une diarrhée, plus ou moins violente en fonction des personnes, pendant plusieurs heures. C’est astreignant mais indispensable. Toutes les matières fécales doivent être éliminées. Si le côlon est parfaitement propre, le médecin pourra mieux visionner ses parois. Dans le cas contraire, la coloscopie ne serait pas interprétable.

Pourquoi est-il si mauvais ?

Les produits laxatifs contiennent des sels minéraux ajoutés, responsables du goût salé. Ils permettent d’éviter de perdre du potassium, du sodium et de l’eau. Les préparations en sachet, au goût agrume, sont mieux tolérées. Il existe aussi des comprimés, mais ils sont peu prescrits, car il faut réussir à en avaler une vingtaine. Astuces pour rendre la solution plus supportable : la préparer à l’avance et la laisser vingt-quatre heures au réfrigérateur. Boire avec une paille permet aussi d’ingérer plus rapidement sans se remplir la bouche.

Suis-je vraiment obligé d'ingérer 4 litres de liquide ?

Il n’y a pas d’autre choix pour éviter d’être déshydraté et garantir la propreté colique. Certaines formules plus concentrées réduisent le volume à ingérer à 3 litres.

Pourquoi prendre cette préparation en deux fois (la veille et le matin de l'examen) ?

Auparavant, la préparation s’effectuait en une seule prise la veille de la coloscopie. Mais ce protocole est moins efficace que la préparation fractionnée qui est désormais recommandée : la moitié la veille et le reste tôt le matin, ou alors deux prises le matin en cas d’examen l’après-midi. Tout est très codifié. Il y a un timing précis à respecter. Le délai entre la dernière prise et l’intervention ne doit pas être trop long pour que le côlon reste propre. Un jeûne hydrique trois heures avant l’intervention doit aussi être observé pour laisser l’estomac vide avant l’anesthésie.

Y a -t-il un risque de violente diarrahée sur le trajet de l'hôpital ?

Non, pas d’inquiétude à avoir, car l’on s’est déjà beaucoup vidé la veille. Aussi, il faut savoir que la prise du matin agit en général dans l’heure.

Comment savoir si j'ai réussi ma préparation ?

A partir du moment où les selles ne sont ni solides ni marron. L’évacuation anale d’un liquide clair transparent ou jaunâtre indique une préparation correcte. Les patients constipés peuvent prendre un laxatif huit jours avant l’examen, cela facilite la purge et donne toutes les chances de réussite.

Ce « nettoyage » du côlon ne risque-t-il pas de décaper le microbiote intestinal ?

Si la diarrhée induit un bouleversement de la flore intestinale, il faut savoir qu’en deux semaines le microbiote sera reconstitué comme avant. Les informations concernant les effets de la coloscopie sur le microbiote restent cependant très peu nombreuses.

Quel est l'intérêt de suivre un régime spécial ?

Trois jours avant l’examen, on doit en effet observer un régime sans résidus, c’est-à-dire sans fibres, donc sans légumes ni fruits ni céréales complètes. L’objectif est double. D’une part, cela permet une meilleure visualisation du côlon. En effet, dans le processus de digestion, les fibres ne sont pas entièrement assimilées par l’intestin grêle et elles parviennent directement dans le côlon. Des résidus (déchets alimentaires) se collent alors sur sa paroi et peuvent donc masquer des lésions. D’autre part, en allégeant le contenu du côlon, le volume des selles diminue et la purge s’écoule mieux.

Puis-je reprendre rapidement mon alimentation habituelle ?

Après une anesthésie, il est préférable de faire un repas léger. Ensuite, on peut reprendre ses habitudes alimentaires. Le délai de retour à un transit normal varie d’une personne à l’autre. On peut être constipé pendant deux ou trois jours.

Dois-je craindre des effets secondaires ?

On peut ressentir de l’inconfort (gaz, ballonnements, spasmes) juste après l’examen, mais c’est généralement supportable. Si l’on a retiré un polype, on peut retrouver des traces minimes de sang dans les selles pendant un jour ou deux. Les complications sont très rares – il existe un faible risque d’hémorragie et de perforation de la paroi digestive. En cas de douleurs importantes, de vomissements, de saignement anal, de fièvre ou de selles très noires, il faut consulter.

Quand aurai-je les résultats ?

Le gastro-entérologue donne un premier commentaire au réveil. Si un polype a été retiré, il faut compter de huit à dix jours pour recevoir les résultats définitifs du laboratoire d’analyses.

Mars bleu

Tous les ans, le mois de mars est le moment de promouvoir le dépistage du cancer colorectal (plus d’infos sur colontour.preventioncancers.fr). Un cancer qui touche 43 000 nouvelles personnes chaque année en France et en tue 17 000. Pourtant, dépisté à temps, il peut être guéri dans neuf cas sur dix. En outre, dans 95 % des cas, il surgit après 50 ans. Voilà pourquoi, tous les deux ans, les personnes âgées de 50 à 74 ans, sans symptômes particuliers ni antécédents familiaux, sont invitées par courrier à participer au dépistage national organisé par l’Assurance maladie. Il suffit simplement de retirer un test immunologique auprès de son médecin traitant et de prélever soi-même un échantillon de selles (à envoyer gratuitement au laboratoire avec l’enveloppe fournie). Si le test est positif (présence microscopique de sang dans les selles), il sera alors suivi d’une coloscopie afin de confirmer le diagnostic.

Vous avez dit polypes ?

Ces excroissances tapissent l’intérieur du côlon ou du rectum. Ils ont souvent la forme de champignon. La majorité d’entre eux sont bénins, mais certains peuvent se transformer en cancer après un délai de cinq à dix ans. Les polypes n’entraînent aucun symptôme, sauf à des stades très avancés. Plus on procède à leur ablation tôt, moins les risques de transformation sont élevés. Aussi, par mesure préventive, lorsque leur taille et leur implantation sur la paroi intestinale le permettent, ils sont systématiquement enlevés pendant la coloscopie. Le gastro-entérologue utilise un bistouri électrique qui permet de les sectionner et de les coaguler.

Une appli pour vous accompagner

Elle se nomme MaColo et s’avère très ludique avec sa mascotte Poppy qui vous guide jusqu’au jour J. Il suffit simplement de renseigner la date et l’heure de l’examen, le médicament prescrit par le médecin, le moment de la première prise, et Poppy vous envoie des notifications à chaque étape. Vous trouverez également les réponses aux questions les plus fréquemment posées, ainsi qu’un glossaire et une vidéo qui explique le déroulement de l’examen. Elle est gratuite et disponible sur iPhone et Androïd.

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le 15/03/2021

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La coloscopie doit se réaliser à jeun d'aliments et de liquides : aucun repas ne doit être absorbé durant les 6 heures précédant l'examen.

Pourquoi boire beaucoup d'eau avant coloscopie ?

La veille de l'examen, le patient ingère un liquide dont le but est de nettoyer le côlon.

Comment savoir si l'intestin est propre ?

Pour examiner toute la paroi du côlon, celui-ci doit avoir été vidé de son contenu fécal et la paroi doit être propre. Une coloscopie de bonne qualité est un examen effectué jusqu'au bout, au cours d'une exploration suffisamment longue et sur un côlon propre.

Puis

Vous devez être strictement à jeun (sans boire, ni manger, ni fumer), sauf avis contraire du médecin qui réalisera l'examen. Toutefois, si vous suivez un traitement, vous devez le prendre avec un peu d'eau.